L’Olympe vivant

« Tu devrais succomber, désespérer, mais l’esprit te sauvera. Nul laurier, nulle couronne de myrte ne te consolera ; mais l’Olympe, l’Olympe vivant, présent, dont l’éternelle jeunesse fleurit autour de toi. Le monde en sa beauté est mon Olympe ; c’est en lui que tu vivras ; c’est avec les créatures sacrées de ce monde, avec les Dieux de la Nature, que tu retrouveras la joie. »

Friedrich Hölderlin, « Hypérion ou l’ermite de Grèce ».

Œuvre divine

« Tout présent n’est jamais pour moi que la queue qui me permet d’attraper le passé et le futur. Le réceptacle infiniment profond et invisible… Heureux, je ne le suis pas, c’est œuvre humaine ; malheureux, je ne le suis pas, c’est œuvre humaine aussi ; je suis tout, c’est œuvre divine.

Rien n’est isolé dans le monde et tout s’affirme par opposition. La vérité, qui mène au sacré, est comme un flux de lumière que tout le monde doit boire et qui dessille les yeux ; oui, je crois que la vision et ce qui est vu sont uns et simultanés, cela en un sens éminent. »

Clemens Brentano, cité par Gustav Landauer in « La communauté par le retrait ».

Muthos & logos

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« Muthos et logos ne sont nullement embarqués, comme se le figure naïvement le tout-venant de l’histoire de la philosophie, dans une opposition qui serait due à la philosophie elle-même. Tout au contraire, les premiers penseurs grecs emploient précisément muthos et logos au même sens. Ces termes ne s’écartent l’un de l’autre que pour s’opposer là où ni l’un, ni l’autre, n’ont pu garder leur portée initiale, ce qui était déjà avec Platon chose faite. C’est un préjugé de l’histoire de la philologie, préjugé hérité sur fond de platonisme du rationalisme moderne, que de se figurer que le mythe a été détruit par le logos. Le rapport au divin n’est jamais détruit par la logique, mais par ceci, uniquement, que le dieu se retire. »

Martin Heidegger, « Qu’appelle-t-on penser ».