« La lucidité est la blessure la plus rapprochée du soleil. »
René Char, « Feuillets d’Hypnos ».
« Accumule, puis distribue. Sois la partie du miroir de l’univers la plus dense, la plus utile et la moins apparente. »
René Char
« Nous sommes au futur. Voici demain qui règne aujourd’hui sur la terre. »
René Char
À flancs de coteau du village bivouaquent des champs fournis de mimosas. À l’époque de la cueillette, il arrive que, loin de leur endroit, on fasse la rencontre extrêmement odorante d’une fille dont les bras se sont occupés durant la journée aux fragiles branches. Pareille à une lampe dont l’auréole de clarté serait de parfum, elle s’en va, le dos tourné au soleil couchant.
Il serait sacrilège de lui adresser la parole.
L’espadrille foulant l’herbe, cédez-lui le pas du chemin. Peut-être aurez-vous la chance de distinguer sur ses lèvres la chimère de l’humidité de la Nuit ?
René Char, « Congé au vent », in « Seuls demeurent », « Fureur et mystère » nrf Gallimard 2008.
« Cette guerre se prolongera au-delà des armistices platoniques. L’implantation des concepts politiques se poursuivra contradictoirement, dans les convulsions et sous le couvert d’une hypocrisie sûre de ses droits. Ne souriez pas. Écartez le scepticisme et la résignation, et préparez votre âme mortelle en vue d’affronter intra-muros des démons glacés analogues aux génies microbiens. »
René Char, « Feuillets d’Hypnos », 1943-1944. § 7.