L’appel de l’être

« C’est l’appel seul de l’être qui installe l’homme dans son être. C’est uniquement dans et par la dispensation de l’être que nous sommes « en destin » et, comme êtres en destin, tenus de trouver notre destinée, c’est-à-dire qu’en même temps nous sommes toujours aux prises avec la possibilité de la manquer. »

Martin Heidegger, « De la physis à la raison pure », in « Le principe de raison », Tel Gallimard.

Penseur

« Si tu n’avais été d’abords un homme qui souffre et qui brûle, tu ne serais pas un homme qui pense. »

Friedrich Hölderlin, « Hypérion ».

Les hommes et la guerre

2089463903

« De ce poème nous sommes nés, et pourtant il est avant tout celui de la guerre, voilà bien un scandale troublant… L’Iliade, ce poème de la guerre, fut aussi le poème sacré des anciens Grecs, leur éducateur en tout, et donc le nôtre par héritage.

Alors qu’il n’était plus soutenu par aucun pouvoir, aucune église, aucune institution, ce poème est cependant parvenu jusqu’à nous, intact, traversant les siècles et les plus extrêmes bouleversements, ne cessant de fasciner et de stimuler les esprits petits et grands, génération après génération. Si nous le lisons avec un regard frais, dépouillé de l’érudition des doctes, ce poème guerrier continue de nous parler comme au premier jour. Pourquoi donc cette permanence alors que nous sommes sortis des anciennes sociétés martiales pour celle du commerce, et alors que nous avons quitté les anciennes sociétés héroïques pour celle des simples hommes ? Aurions-nous besoin à ce point de la guerre et des héros ? Serait-ce qu’ils auraient à nous dire sur nous-mêmes des secrets inavouables ? Peut-être ressentons-nous aussi parfois une insatisfaction et une révolte sourdes à l’encontre de l’ennuyeuse paix bourgeoise qui est devenue notre lot ? »

Dominique Venner, « Du poème de la guerre à l’âme européenne », La NRH n° 52, janvier-février 2011, en kiosque actuellement.

Ἀνάγκη

MeteorMilkyway_rowell_c600

« Je te dirai encore : il n’est point de naissance
D’aucun mortel, et point non plus de fin
Dans la mort à la fois effrayante et funeste ;
Il y a seulement un effet de mélange
Et de séparation de ce qui fut mêlé :
Naissance n’est qu’un mot qui a cours chez les hommes. »

Empédocle, Fragments, VIII.