Penseur

« Si tu n’avais été d’abords un homme qui souffre et qui brûle, tu ne serais pas un homme qui pense. »

Friedrich Hölderlin, « Hypérion ».

La Vision dionysiaque du monde

Nietzsche - "La vision dionysiaque du monde"La Vision dionysiaque du monde

« Les grecs, qui expriment et taisent à la fois dans leur dieux l’enseignement ésotérique de leur vision du monde, ont institué comme double source de leur art deux divinités, Apollon et Dionysos. Ces noms représentent des styles contraires dans la sphère de l’art, et quoique s’avançant côte à côte en un conflit presque sans fin, ils semblent s’être unis une seule fois, au moment où le « vouloir » grec était à son apogée, dans l’oeuvre d’art qu’est la tragédie attique. C’est en effet grâce à deux états que l’homme conquiert la sensation du délice d’exister, le rêve et l’ivresse. »

Friedrich Nietzsche

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« Nietzsche a 26 ans lorsqu’il rédige « La Vision dionysiaque du monde », un texte resté inédit de son vivant. Il s’agit, sous une forme ramassée mais déjà extrêmement aboutie littérairement, du premier exposé de l’un des thèmes fondamentaux de sa pensée : l’opposition entre le monde apollinien et le monde dionysiaque, entre la mesure, l’apparence, la forme d’un côté, et l’ivresse, l’extase, l’oubli de soi de l’autre. Ou, pour le dire encore autrement, entre le voile du rêve et la puissance destructrice de la vérité. De l’affrontement de ces deux mondes naît la tragédie grecque. Ces pages qui annoncent et résument à la fois l’ouvrage futur « La Naissance de la tragédie », constituent une des plus belles introductions de Nietzsche à sa conception du monde comme musique. »