
« Il n’y eu sans doute jamais d’époque où, comme de nos jours, tant de choses et tant de choses confuses furent dites et écrites à propos de l’art et où l’usage du mot fut si peu soumis à examen.
Cet état-de-fait doit avoir ses raisons. Nous en découvrons une dès l’instant où nous remarquons qu’au temps de l’art grec, il n’y eut rien de tel qu’une littérature sur l’art. Les oeuvres d’Homère et de Pindare, d’Eschyle et de Sophocle, les édifices et les sculptures des grands maîtres parlaient d’elles-mêmes. Elles parlaient, c’est à dire montraient où l’homme prenait place, elles laissaient percevoir d’où l’homme recevait sa détermination. Leurs oeuvres n’étaient pas l’expression de situations existantes et surtout pas la description de vécus psychiques. Les oeuvres parlaient tel l’écho révélateur de la voix qui déterminait la totalité de l’existence (Dasein) de ce surprenant peuple. »
Martin Heidegger, « Remarques sur art – sculpture – espace ».