lycurgue

« Dans rex, il faut voir moins le souverain que celui qui trace la ligne, la voie à suivre, qui incarne en même temps ce qui est droit : la notion concrète énoncée par la racine *reg- est beaucoup plus vivante dans rex, à l’origine, que nous le pensons. Et cette conception de la nature et du pouvoir du rex s’accorde avec la forme même du mot. […] De fait en latin même, rex apparaît avec des déterminants spécifiques, notamment dans la locution ancienne : rex sacrorum. Le rex était chargé de regere sacra, au sens où l’on prend l’expression regere fines.

Ainsi se dessine la notion de la royauté indo-européenne. Le rex indo-européen est beaucoup plus religieux que politique. Sa mission n’est pas de commander, d’exercer un pouvoir, mais de fixer des règles, de déterminer ce qui est, au sens propre, « droit ». En sorte que le rex, ainsi défini, s’apparente bien plus à un prêtre qu’à un souverain. C’est cette royauté que les Celtes et les Italiques d’une part, les Indiens de l’autre, ont conservée.

Cette notion était liée à l’existence des grands collèges de prêtres qui avaient pour fonction de perpétuer l’observance des rites. Il a donc fallu une longue évolution et une transformation radicale pour aboutir à la royauté de type classique, fondée exclusivement sur le pouvoir et pour que l’autorité politique devienne peu à peu indépendante du pouvoir religieux qui restait dévolu aux prêtres. »

Émile Benveniste, « Le vocabulaire des institutions indo-européennes », Tome 2. Pouvoir, droit, religion. Les éditions de minuit 2005 (1969).

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