« Les mortels sont les hommes. On les appelle mortels, parce qu’ils peuvent mourir. Mourir signifie : être capable de la mort en tant que la mort. Seul l’homme meurt. L’animal périt. La mort comme mort, il ne l’a ni devant lui ni derrière lui. La mort est l’Arche du Rien, à savoir de ce qui, à tous égards, n’est jamais un simple étant, mais qui néanmoins est, au point de constituer le secret de l’être lui-même. La mort, en tant qu’Arche du Rien, abrite en elle l’être même de l’être (das wesende des Seins). En tant qu’Arche du Rien, la mort est l’abri de l’être. Aux mortels nous donnons le nom de mortels – non pas parce que leur vie terrestre prend fin, mais parce qu’ils peuvent la mort en tant que la mort. C’est en tant que mortels que les mortels sont ceux qu’ils sont, trouvant leur être (wesend) dans l’abri de l’être. Ils sont le rapport, qui s’accomplit, à l’être en tant qu’être. »
Martin Heidegger, « Essais et conférences », « La chose », Tel Gallimard, pp. 212-213.