« Aristote voyait dans la compassion, c’est bien connu, un état maladif et dangereux, dont il fallait, de temps à autre se purger : il concevait la tragédie comme un purgatif. En vérité, par simple instinct de la vie, chaque fois que l’on se trouve en présence d’une accumulation de compassion maladive et dangereuse, comme dans le cas de Schopenhauer (ou celui de toute notre décadence littéraire et artistique de Saint-Pétersbourg à Paris, de Tolstoï à Wagner), on devrait lui décocher ses « pointes » les plus acérées, afin qu’elle crève… Rien n’est plus malsain, au milieu de notre malsaine modernité, que la compassion chrétienne. C’est là qu’il nous faut être médecins, c’est là qu’il nous faut être impitoyables, c’est là qu’il nous faut porter le scalpel – voilà ce qui nous est réservé, voilà notre philanthropie, à nous, c’est en cela que nous sommes philosophes, nous, les Hyperboréens… »
Friedrich Nietzsche, « L’Antéchrist », 7.