EXPLICATION DE TEXTE
Nietzsche, Vérité et Mensonge au sens extra-moral.
INTRODUCTION :
Thème
– Thème de l’œuvre : faire la généalogie du langage, c’est-à-dire remonter aux origines de l’institution des langues et aux matériaux de la pensée (concepts) afin de montrer que la possibilité même de dire le monde tel qu’il est, fait problème. C’est donc les notions communes, c’est-à-dire, selon Nietzsche, les notions morales ou sociales, de la vérité et du mensonge, qui doivent être remises en question au profit d’une signification plus adéquate : extra-morale.
– Thème de l’extrait : dans ce texte, Nietzsche propose plus spécifiquement de mettre au jour le processus de formation des concepts, ordinairement conçus comme les outils de notre connaissance, donnant un accès possible à la vérité.
Problématique
Une telle analyse se veut critique à l’égard de cette conception commune, loin d’être évidente, dans la mesure où les qualités de nos concepts se distinguent des qualités des phénomènes perçus. En effet, alors que les choses sensibles apparaissent relatives, singulières et changeantes, les concepts prétendent à la généralité, à l’universalité et à l’invariance. Comment les seconds sont-ils donc susceptibles d’exprimer les premières sans les déformer. On retrouve un problème ancien, posé déjà par Platon dans le Phédon : dans la mesure où les objets sensibles sont absolument distincts les uns des autres (il n’existe rien d’égal dans la nature), comment peut-on former l’idée d’égalité ?
Thèse
La réponse de Nietzsche à cette question est claire :
– Par une négligence, celle des différences entre les choses. Autrement dit, la formation des concepts suppose « la postulation de l’identité du non identique »
Plan
I. Généalogie de la pensée conceptuelle (l.1 à 13)
II. Réfutation de la conception traditionnelle de la connaissance théorique et morale (l.13 à 29).
PARTIE I – GENEALOGIE DE LA PENSEE CONCEPTUELLE :
Dans cette première partie, l’auteur entreprend de décomposer le processus de formation des concepts afin de montrer que ces derniers supposent une réduction, voire une déformation, du réel dans toute sa richesse. C’est ce qu’il illustrera à la fin de cette section par l’exemple fameux du concept de feuille.
– l.1 à 9 : de la perception sensible au concept.
> Formation / originelle => généalogie. But : déconstruire le processus de la création du langage afin de mieux le comprendre. Démarche qui permet d’éviter les écueils du sens commun : ce qui nous paraît évident sous l’effet de l’habitude par exemple.
> Enumération de deux caractéristiques du concept : ce qu’il ne requiert pas (il n’a précisément pas à rappeler ») et ce qu’il requiert (« il lui faut »). Nietzsche ne critique pas le processus, il se contente ici d’en faire une description précise. D’autre part, lui-même semble montrer que l’on ne saurait reprocher au concept de ne pas faire référence à l’expérience sensible singulière et originelle grâce à laquelle il a pu se former, puisque ce n’est pas son rôle. Ce faisant, il précise néanmoins qu’il en est redevable. Or ce terme connote l’idée d’obligation (celui qui est redevable de quelqu’un lui est obligé).
=> Cela indique que s’il n’a pas à la rappeler, il n’est pas sûr qu’on puisse l’autoriser à l’oublier… => deux choses bien distinctes : « ne pas avoir à rappeler » et « oublier » (l.12).
> Idée d’un saut entre le concept (intelligible) et la perception (sensible), accentué par l’adverbe « immédiatement » (sans médiation).
> 1ère source de connaissance = perception => expérience unique et absolument singulière. C’est-à-dire que l’on perçoit ici et maintenant et qui diffère de toutes les autres perceptions (qu’il s’agisse d’une autre perception du même objet ou de la perception d’un objet différente). Notons la redondance : « unique », « singulière » accentuée encore par « absolument » (sans aucun lien avec).
=> richesse du réel qui admet deux sources de diversité : diversité entre les choses au même moment et changement d’un même phénomène dans le temps.
> Le concept quant à lui, dérive de l’expérience sensible (ensemble des perceptions absolument singulières) mais en gommant d’une certaine façon ce qu’elle a de singulier : « simultanément » (vs hic et nunc, ne tient plus compte du contexte spatio-temporel) ; « innombrables cas » (vs unicité numérique, c’est-à-dire tel cas précisément dans toute sa richesse).
=> pauvreté du concept qui déforme en ce sens la richesse du monde sensible.
> Le problème de la pensée conceptuelle est qu’elle réduit l’identité et la différence à une affaire de degrés dans la similitude, alors que, selon N., ces notions sont proprement contradictoires (l’une exclut l’autre).
« Plus ou moins analogue » (analogue : même rapport – comparable sous un certain rapport – semblable) => « c’est-à-dire (…) jamais identique » => « donc (…) cas totalement différents ».
C’est le rapport d’explicitation (« c’est-à-dire ») et de consécution (« donc ») qui est intéressant ici. Nietzsche part de l’analogie pour arriver à du radicalement différent. Comment interpréter cette phrase ? Sans doute l’auteur insinue-t-il que l’analogue est déjà une abstraction (voire une soustraction) plus ou moins grande opérée par l’esprit sur les choses. Le fait que l’esprit doit opérer cette abstraction tient à ce que la stricte identité n’existe pas dans la nature (« jamais »). Or, si l’identité stricte (« strictement ») n’existe pas, il faut donc admettre que seule la différence est réelle. Celle-ci est totale (« totalement ») car Nietzsche la conçoit comme le contraire de l’identité (qui, selon l’auteur ne peut être autre chose qu’une identité stricte).
=> Dans la nature, seule la différence est de mise. L’analogie n’en est qu’une preuve et non un contre exemple. L’auteur a donc opéré une totale inversion dans la proposition.
> Conséquence (formulation de la thèse qui récapitule le processus dont il s’agissait de faire la généalogie) : « Tout concept surgit de la postulation (= opération de l’esprit) de l’identité du non-identique (= leçon de l’expérience sensible) ».
– l.9 à 13 : ex du concept « feuille »
> Notons que c’est un exemple célèbre. Personne d’ailleurs ne niera le fait qu’il n’existe pas deux feuilles parfaitement identiques. C’est un constat duquel partent tous les philosophes s’intéressant au langage, qu’ils soient en accord avec la thèse nietzschéenne ou totalement en désaccord. Remarquons notamment que l’ex de la feuille fait écho à l’ex des bouts de bois dans le Phédon de Platon (doctrine adverse à celle de Nietzsche) qui ne sont pas strictement égaux mais seulement de façon approximative. On le retrouve enfin tel quel chez Leibniz dans les Nouveaux Essais sur l’entendement humain.
> Quelle utilisation Nietzsche en fait-il ? Il doit illustrer deux faits inhérents au processus de formation des concepts (et le second apporte une idée nouvelle par rapport au début de la partie
I) :
a / l’abandon des caractéristiques particulières arbitraires (des objets perçus)
b / l’oubli de ce qui les différencie / des différences.
> a / « caractéristiques particulières arbitraires » : idée qu’aucune des caractéristiques abandonnées n’obéit à un ordre préétabli = tout ce qui reste après que la pensée a retenu ce qui était similaire. En fait = vraie nature des choses (puisqu’on l’a vu, le monde sensible est fait de différences, non d’identité).
> b / Et là, Nietzsche va plus loin : non seulement on abandonne les différences, selon un acte volontaire et conscient qui s’apparente à la « métaphorisation » (dont l’auteur parle plus loin dans l’œuvre), mais on en vient à oublier les différences, et donc, l’acte d’abandon lui-même ou la métaphorisation. Or si l’abandon est nécessaire à la formation du concept, l’oubli (aveuglement, acte inconscient) quant à lui, est condamnable. On passe d’une négligence acceptable (acte rationnel, quasi scientifique) à une négligence condamnable (attitude défaillante).
Transition : En effet, on peut comprendre que l’abandon soit justifié par une exigence d’ordre pratique, relative aux besoins humains (exemple du concept d’aliment qui englobe des choses tout à fait diverses et différentes selon le point de vue adopté : ce qui est un aliment pour tel animal ne l’est pas nécessairement pour tel autre).
Cependant, avec l’oubli se profile une illusion que Nietzsche va prendre soin de dénoncer dans un second temps.
PARTIE II – REFUTATION DE LA CONCEPTION TRADITIONNELLE DE LA CONNAISSANCE THEORIQUE ET MORALE :
– l.13 à 19 : critique de l’essentialisme.
> De cet oubli naît une illusion, à savoir l’idée qu’il y aurait comme une feuille en soi. Pourquoi l’expression « quelque chose comme » ? – Parce que cette « feuille » en soi ne peut pas être perçue par nos sens, étant donnée qu’on la pense indépendamment des feuilles « sensibles ». On en fait donc un inconnaissable : d’où « quelque chose comme » (l.14), « en quelque sorte » (l.15).
=> Ici, c’est autant la distinction kantienne entre le phénomène (réalité pour nous) et le noumène (réalité en soi) que la conception platonicienne de l’Idée qui est visée par Nietzsche.
> « une forme … originelle » : il s’agit du concept scolastique de forme héritée de Platon (puis d’Aristote). Il faut donc clairement comprendre la forme comme eidos et non comme configuration matérielle (morphè). Rappelons que chez Platon, l’Idée est l’essence de toutes choses et qu’elle a une existence séparée, dans le monde intelligible, monde que l’âme peut contempler lorsqu’elle n’est pas incarnée.
> « d’après laquelle » : Nietzsche fait référence ici à la fonction de modèle de la forme. Les objets sensibles, en effet, imitent autant que faire se peut, la forme ; autrement dit, dans le langage platonicien, ils participent à l’Idée dont ils découlent.
> Comparé au modèle, selon une telle conception, les choses sensibles sont donc imparfaites, défaillantes. Il s’agit pour Nietzsche de montrer que l’illusion dont il a commencé par faire la genèse consiste à prendre le problème à l’envers. Alors que c’est le concept qui est imparfait car il ne colle pas à la nature, puisqu’il n’en est qu’une abstraction et une réduction, on en vient à croire que c’est la nature qui est imparfaite par rapport au concept, pas assez identique au concept perçu illusoirement comme modèle originel. Illusoirement, en effet, car le « vrai » original (celui qui est à l’origine de la formation du concept), c’est l’expérience sensible (« l’expérience originelle unique et absolument singulière » de la l. 4).
> Aussi la fin de la phrase est-elle satirique. Nietzsche a en vue le mythe platonicien de la création du monde par le démiurge divin. Voir le Timée de Platon, 27c sqq. (p.411). La divinité qui donne forme à l’univers s’est servi du monde intelligible comme modèle. L’accent est mis sur la volonté d’assimilation : la divinité s’efforce de rendre la copie semblable au modèle malgré l’obstacle que constitue le devenir sensible. « tissées, dessinées, découpées, colorées, plissées, peintes » => trame, matière, forme, ombres, couleurs, relief. L’énumération a un caractère sarcastique en ce qu’elle fait passer la conception platonicienne de la création du monde pour un vaste atelier de travaux manuels, de procédés artisanaux, au sein duquel l’artiste/l’ouvrier semble un piètre apprenti… En effet, souligne l’auteur, il faut être vraiment malhabile pour ne jamais (pas même une seule fois) réussir à égaler le modèle. De la part d’une divinité, cause excellente et parfaite de toutes choses, cela ne manque pas d’apparaître contradictoire.
=> N. met en faillite cette conception platonicienne qui apparaît douteuse. Or, N. peut dire pourquoi elle l’est : parce qu’elle veut substituer à la réelle perfection des choses (qui tient dans leur diversité) la pseudo perfection des idées, qui n’est à ses yeux qu’une chimère de l’esprit humain.
Confrontation entre une thèse essentialiste (les choses sensibles ont une essence réelle intelligible) et la thèse nietzschéenne, nominaliste : les idées générales et les concepts n’ont d’existence que dans les mots qui servent à les exprimer. Les universaux, en effet, ne sont que des constructions illusoires de l’esprit, des conventions creuses. (Seuls les individus sensibles existent).
– l.19 à 29 : conséquence sur la conception morale.
> Dans un second moment, on passe sans transition de l’idée de feuille à l’idée d’honnêteté. Cela peut paraître surprenant : pourquoi Nietzsche en vient-il à parler spécifiquement de cette notion ?
(1) Parce que la récusation de l’essentialisme a des conséquences éthiques : si nos concepts sont des réductions, il faut penser également les termes moraux comme relativement creux. En effet, si le concept de feuille est tributaire de la perception sensible des feuilles, il faut penser le concept d’honnêteté comme relatif aux jugements de la société sur les actions humaines. L’honnêteté est ainsi une construction sociale qui repose sur des exigences pratiques et non sur une connaissance adéquate des choses.
(2) Parce que la connaissance des essences est liée à l’éthique dans la philosophie platonicienne. Chez Platon, en effet, le Vrai se confond avec le Bien (Identité). Le Bien est l’Idée suprême et souveraine, source de toutes les autres Idées. De même que le soleil est source de lumière sensible, de même le Bien est source de lumière intellectuelle. Il nous donne à la fois la lumière et la vie : « le Bien est l’invisible qui fait voir ».
=> Si l’on accepte la récusation nietzschéenne de l’essentialisme, il faut accepter également les conséquences éthiques.
> Nietzsche ne choisit pas la notion d’honnêteté au hasard. Elle est assez générale pour être assimilée à la Vertu en général (l’idée d’honnête homme désigne communément l’homme vertueux. 1er sens d’honnêteté : « conformité à une norme morale socialement reconnue ou conformité à la morale. »). Ce faisant, il fait clairement référence au Ménon de Platon où les interlocuteurs – Socrate et Ménon – recherchent une définition de la vertu.
Selon Socrate, ce qui constitue le caractère vertueux des diverses actions que l’on juge ainsi, c’est un caractère commun : la vertu, et non les différences entre ces actions. Analogie avec l’Idée d’abeille et l’Idée de forme. La vertu se distingue par ailleurs des vertus (justice, courage…). La réponse à la question reste donc ambiguë : « Si j’avais quelque autorité, non seulement sur moi mais encore sur toi, Ménon, nous n’examinerions pas si la vertu est susceptible d’être enseignée, avant d’avoir cherché d’abord ce qu’elle est en elle-même (…). » (86e). Ils en viennent par la suite à dire que la vertu est un bien qui dépend de la raison et qu’elle arrive comme une faveur divine…
On peut bien reconnaître avec Nietzsche que la réponse à la question paraît tautologique : un homme agit honnêtement/bien à cause de son honnêteté/de sa bonté… En somme, la réponse semble sonner creux.
Rq : on pourrait, contre Nietzsche, penser que Platon dépasse le problème en montrant que la connaissance de ce qu’est la vertu ne réside pas dans une définition mais dans la réminiscence : on re-conçoit ce que notre âme a contemplé dans le monde intelligible avant de s’incarner dans notre corps. Cela dit, là encore, un soupçon est possible : comment savoir que c’est un « souvenir » et non une construction langagière ?
> « Disons », « demandons », « répondons », « désignons », « formulons » = langage ; ? « nous ne savons absolument rien » = connaissance. => nominalisme qui s’affiche et qui est accentué une nouvelle fois par l’adverbe « absolument ».
> Il n’y a de connaissance que des individus, en l’occurrence ici, des actions « individualisées », dans leur diversité. L’honnêteté en soi n’est rien du tout, sauf un noyau commun, réduit, appauvri, qui n’a plus rien à voir avec la réalité sensible dont il est issu.
> On retrouve l’équation : individualisation (« individualisées ») = différenciation (« dissemblables ») et une illustration de la thèse par l’exemple de la vertu : « que nous postulons identiques en écartant ce qui les différencie » (l.26).
> « pour finir » : l’ordre chronologique est très important car Nietzsche veut montrer que la conception essentialiste inverse l’ordre des choses : elle pense l’essence le concept comme originelle alors que c’est une construction qui vient boucler un processus. Le concept est dernier (en tant que conséquence d’une abstraction) mais au bout du compte, on en fait – illusoirement – une essence, c’est-à-dire la cause ultime des objets sensibles que l’on désigne par le même nom.
> Nietzsche en vient alors à montrer en quoi la qualité essentielle (que les Scolastiques distinguent des qualités accidentelles qui marquent des différences) est une qualité occulte (« qualitas occulta »). C’est le noumène kantien qui est visé ici, à savoir l’essence de la chose qui se dissimule derrière le phénomène, et qui nous est inconnue. Ici, il faut désormais y voir une forte connotation péjorative : cette qualité n’est pas cachée et inaccessible à la connaissance, elle n’est qu’une construction, ou plutôt, une abstraction de l’esprit. Il n’y a rien d’autre à y voir ou à y connaître. C’est précisément cela qui a été négligemment occulté.
CONCLUSION :
Synthèse :
Nietzsche soulève le fossé qui sépare concevoir et connaître. Il est vrai que les noms sont les signes purement conventionnels d’un regroupement arbitraire des choses (= concept) : tout un chacun distingue bien les différences entre deux feuilles et pourtant, par commodité, on classe sous le même nom ces entités différentes. Il n’est pourtant pas question de penser qu’il y a là une erreur : il est normal de concevoir et de nommer, c’est-à-dire de fixer certaines de nos perceptions pour agir au sein du monde. Il y a en revanche une faute à penser que les concepts (puis les noms) permettent de mettre en lumière une vérité cachée. Car les noms et les concepts qu’ils désignent sont une façon déficiente de dire le réel. C’est lorsqu’on oublie qu’ils ne sont que des métaphores des choses, des créations de l’esprit, que l’on peut penser qu’ils ouvrent la voie à une connaissance des choses à partir de laquelle on pourrait distinguer objectivement bien et mal ou vérité et mensonge. Il convient donc, au terme de cette généalogie de la pensée conceptuelle, de remettre ces notions à leur place, de les comprendre enfin comme des réalités purement sociales, construites en fonction des intérêts humains.
Intérêt : prise de conscience de la sclérose du langage et récusation d’une conception simpliste des concepts comme vérités occultes.
Limite : sans les concepts, on ne pourrait observer les différences entre les choses. En effet, si tout nous paraissait strictement différent, on ne serait même plus capable d’exprimer les différences. Exemple : les nomades du désert ont forgé divers concepts de sable (différents noms) : observation de ce qu’il y a de commun et en même temps de différent. Si j’en reste à : tous les grains de sable sont différents, je ne verrai jamais ces différents états : ma perception demeurerait chaotique. En ce sens, la formation des concepts permet également de se référer à la richesse du réel.
=> On pourrait donc imaginer que la pensée formelle gagnerait à être dynamique. Ces concepts non figés pourraient alors peut-être exprimer une interprétation humaine des choses, et par un jeu de création et de remise en forme, une manière de mieux les connaître et d’en percevoir toujours plus finement les nuances.