« Seront-ils de nouveaux amis de la « vérité » ces philosophes de l’avenir ? Sans doute, car tous les philosophes ont, jusqu’à présent, aimé leurs vérités. Mais ce ne seront certainement pas des dogmatiques. Ce serait contraire à leur fierté et irait aussi contre leur goût si leur vérité devait être une vérité pour tout le monde, ce qui fut jusqu’à présent le secret désir et l’arrière-pensée de toutes les aspirations dogmatiques. « Mon jugement, c’est mon jugement à moi : un autre ne me semble pas y avoir facilement droit » – ainsi s’exprimera peut-être un de ces philosophes de l’avenir. Il faut se garder du mauvais goût d’avoir des idées communes avec beaucoup de gens. « Bien » n’est plus bien dès que le voisin l’a en bouche. Et comment se pourrait-il qu’il y eût un « bien commun » ! Le mot se contredit lui-même. Ce qui peut-être commun est toujours de peu de valeur. En fin de compte, il faut qu’il en soit comme il en a toujours été : les grandes choses sont réservées aux grands, les profondes aux profonds, les douceurs et les frissons aux âmes subtiles, bref tout ce qui est rare aux être rares. »

Friedrich Nietzsche, « Par delà le bien et le mal », 43, Le libre esprit.

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